La gestion des risques en trading

Une gestion du risque draconienne vous permet d’espérer durer suffisamment de temps sur le marché afin d’acquérir un avantage, l’appliquer avec constance et gagner en conséquence. 

Il y avoir une gestion des risques et croire en avoir une. C’est bien sûr deux choses différentes.

Commençons par le b.a.-ba d'une bonne gestion des risques. Cela passe par la mise en place d’une protection systématique de votre capital engagé sur chaque trade grâce à l’utilisation de ce que l’on appelle un « stop » ou « stop loss ».

C’est un ordre à seuil déclenchement qui se transforme en ordre au marché quand le seuil en question est atteint.

Prenons un exemple pour y voir plus clair. 

Vous achetez une action à 10$ et décidez de mettre un stop à 9$. 

Une fois que vous êtes entré sur le marché le prix de votre action va stagner, monter ou baisser. 

Si le cours de l’action touche 9$, l’ordre stop que vous avez placé va être déclenché et va « se transformer » en ordre au marché.

Et votre prix de vente ne sera pas toujours 9$...

Pourquoi? Car un ordre au marché implique la recherche d’une contrepartie à n’importe quel prix pourvu qu’il soit exécuté sur l’ensemble des titres. 

Et en fonction du mouvement engagé, de son amplitude et de la liquidité du titre vous pourrez souffrir de ce que l’on appelle un écart d’exécution qui sera l’écart entre le prix de sortie souhaité et le cours réel d’exécution.

Si vous opérez sur des valeurs avec un faible niveau de titres échangés chaque jour, vous devrez accepter une forme de « prime » à la sortie, un supplément de coût à payer pour pouvoir opérer avec peu d’intervenants en face. 

Sur un plan plus pratique, il y a un certain nombre d’années, il était nécessaire de rentrer sur le marché et ensuite de placer son stop. Ce système était très pernicieux car une fois que vous étiez sur le marché, vous deveniez subitement exposé à l’hydre à 3 têtes « la peur, l’espoir et la cupidité ».

Si dès que vous avez acheté votre titre, l’action se met à monter, vous aurez le sentiment que vous êtes un génie et que le marché doit finalement vous récompenser pour ce que vous êtes et vous serez peu enclin à placer un stop. 

Pourquoi me protéger alors que mon action va dans le sens attendu?

Cupidité, sur-confiance et orgueil sont en jeu...

Dans le cas contraire, l’action baisse et incrédule, vous n’envisagez plus une seule seconde de mettre un stop refusant l’éventualité de plus en plus probable au fur et à mesure que le titre baisse de voir votre stop déclenché et de devoir assumer une perte.

L’espoir...

La perte n’est pas seulement monétaire à vrai dire. La perte est ce qu’on refuse, de manière viscérale à accepter. Elle nous remet en cause tout entier. 

Depuis toujours on nous a expliqué qu’il fallait gagner, à l’école d’abord car il faut en ramener des bonnes notes. Avoir une bonne note c’est finalement gagner mais plus que ça c’est ne pas perdre.

Ne pas devoir se justifier auprès de ses parents, ne pas devoir supporter le regard de ses camarades ou de ses profs. 

Ne pas être au-bas de l’échelle quand on voit les autres monter...

Ne pas perdre c’est ne pas se faire licencier, ne pas se faire plaquer par sa copine et évidemment ne pas perdre un être aimé. La perte est à la fois une punition affective, un moment d’inexistence et a la capacité de nous remettre en cause dans l´instant.

Notre ego est touché, abîmé.

Bref, sur les marchés, les pertes marchent très souvent main dans la main avec l’espoir qui décime avec une régularité de métronome un nombre incalculable de traders chaque jour. 

Et si l’espoir ne s’est pas présenté, la peur et la cupidité feront sans aucun doute le reste, un jour ou l’autre...

Aujourd’hui, on a la possibilité de placer son ordre d’achat (ou de vente si on spécule à le baisse) accompagné d’un « ordre stop lié » associé, en même temps. 

C’est un peu comme si vous sautiez à l’eau tous les jours avec votre gilet de sauvetage sans exception même par grand beau et avec une mer d’huile.

Mais ça ne suffit pas. Pourquoi? 

Parce ce qu’une fois à l’eau, il ne faut pas retirer son gilet de sauvetage...jamais. 

Ce qui semble si naturel dans la vie le devient beaucoup moins sur les marchés. 

Le cas typique et suicidaire dans lequel vous vous êtes nécessairement retrouvé à un moment de votre vie de trader consiste pour moi à n’avoir pas fait un bon travail de comptable. 

N’oubliez pas, faire du trading c’est créer une entreprise ce qui implique un peu de tâches administratives parmi lesquelles la comptabilité, que vous pourriez évidemment déléguer à un spécialiste dans une entreprise « classique ».

Sur les marchés vous êtes seul, vous êtes à la fois le patron et l’unique employé multi-tâches de votre propre entreprise.

Pour ceux qui ne sont pas trop familiers avec la comptabilité, il y a ce que l’on appelle le sacro-saint principe de prudence qu’il faut appliquer. 

Par exemple, les produits (le chiffre d’affaires en fait partie) doivent être enregistrés uniquement  si ils sont certains. l’émission d’une facture est le fait générateur de son enregistrement. 

En revanche, les charges doivent être enregistrées même si elles sont probables.

Par exemple, si vous pensez que certains clients ne vous paieront pas, il faut déprécier (le dominer) ce compte même effectivement les clients n’ont pas encore fait défaut. 

Dans le trading, on peut placer un stop mais n’avoir a aucun moment envisager qu’il soit exécuté. A aucun moment il est imaginable que nous puissions perdre. 

Cette configuration technique est trop belle, les fondamentaux de cette société sont exceptionnels.

Bref tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et tout va tellement bien sur cette fois-ci vous avez une taille de position deux fois supérieure. 

Avec cette attitude de franc-tireur vous sautez à l’eau. Et tout se complique...

Le marché commence à décaler et votre action également. Vous avez acheté à 10$ et votre stop est à 9$. 

Elle pique du nez et baisse jusqu’à atteindre 9,10$. Là vous vous dites que ce serait trop bête de vous faire sortir et vous décalez votre stop à 8,49$.

La valeur continue de baisser et après de mineures fluctuations, elle finit par casser violemment votre niveau de stop initial sous les 9 jusqu’à atteindre les 8.95.

Puis elle remonte jusqu’à 9.20 ce qui conforte votre décision d’avoir déplacé votre stop. Vous avez eu raison. 

Bref, de fil en aiguille, vous déplacez de nouveau votre stop à 7.99$ et vous vous faites sortir  à niveau de stop deux fois plus bas que votre stop initial avec une taille de position deux fois supérieure. 

Votre perte est donc 4 fois plus élevée qu’envisagée.

Et par un effet de dominos, pour une seule vraie raison: vous n’avez pas accepté de perdre. 

Vous n’avez pas provisionné votre perte AVANT de rentrer. 

La première perte est toujours la meilleure. Refuser de prendre une petite perte c’est s’exposer à la mère de toutes les pertes...

Un bon conseil: avant de rentrer, vous devez absolument avoir accepté cette perte et surtout l’avoir provisionnée, anticipée.

Si vous l’acceptez, vous aurez la bonne taille de position et vous protégerez votre capital  dans les limites imparties.

N’oubliez pas qu’il y a une progression arithmétique des pertes mais une progression géométrique des gains nécessaires pour recouper vos pertes. Si vous perdez 50% de votre capital, il vous faudra 100% de gain pour revenir à votre niveau initial. 

Voici un tableau qui illustre ce principe fondamental à garder à l'esprit:

Ne risquez jamais plus de 1 à 1,5% de votre capital par trade. Jamais. Vous éviterez le risque de ruine.

Autrement dit, à 1% de risque par trade, 100 pertes consécutives entraineront une baisse de 63,40% de votre capital.

À 10%  de risque par trade, il suffit de 10 pertes consécutives pour amputer votre capital de 65,13%.

Pour ce qui concerne le risque global de votre portefeuille, je déconseille de vous exposer à un risque de perte de plus de 5/6% de votre capital de trading

Pour cela dès que votre titre a progressé suffisamment demandez-vous à partir de quel moment il vous paraît impossible d’envisager une perte alors que vous étiez gagnant.

Autrement si la valeur monte de 5%, 10%, 20% au-dessus de mon prix de revient, je devrais envisager de remonter mon stop au prix de revient (frais de courtage inclus), par exemple.

Protéger son capital doit être LA priorité absolue avant d’envisager de gagner.

Pourquoi la gestion des risques semble si facile à comprendre sur un plan intellectuel et néanmoins si dur à mettre en place sur un plan pratique? 

Car nous sommes des êtres humains et que l’idée de perdre nous est absolument insupportable.

Pas seulement pour une raison d’argent (bien que la peur de perdre de l’argent soit une des premières plus grandes peurs chez l’homme) mais pour une raison physiologique qui relève de l’instinct survie. 

Nous sommes programmés pour les éviter et nous sommes capables de TOUT faire pour ça quitte à perdre bien plus encore...

Le drawdow est l'amplitude de la baisse entre un plus haut relatif atteint par le capital et le plus bas consécutif.

Le maximum drawdown est donc le drawdown le plus important rencontré sur une période de temps donnée.

Le gros problème du drawdown et de son grand-frère le maximum drawdown que l'on ne connaîtra qu'a posteriori c'est qu'il arrive de manière incidieuse et assez souvent brutalement.

Il y a plusieurs raisons à cela.

La première c'est que si votre performance a le vent en poupe c'est que grossièrement le marché vous est favorable ou est favorable à la stratégie que vous avez mise en place. 

Comme pour une action qui ne monte pas jsuqu'au ciel un mouvement de hausse de votre compte de trading sera de manière métronimique suivi par une correction car les conditions favorables qui tenaient jusque là ne seront à  un moment donné plus au rendez-vous.

La deuxième raison concerne l'accélération du drawdown et tient plus au trader qu'aux conditions de marché.

En général quand votre compte de trading monte (et il peut monter de manière très significative sur une période donnée), vous pouvez ressentir un sentiment de puissance et d'invulnérabilité considérable.

Il s'en suit que vous commencez à augmenter votre taille de position, à utiliser l'effet de levier pour augmenter votre exposition au marché et vous faites cela trè souvent proche du point de retournement. 

Quand le marché se retourne vous n'y croyez pas et vous êtes pétrifiés.